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Itinéraires nouveaux Publié le 26 août 2019

Vues de l’espace extérieur

Les progrès réalisés par l’Homme prouvent que l’on peut surmonter des obstacles autrefois considérés comme insurmontables. Ainsi, d’une certaine manière, il est difficile de dire à quel point nous sommes insignifiants par rapport à l’immensité de l’univers. Lors de sa dernière mission, Scott Kelly, un astronaute actuellement retraité, a eu la chance de pouvoir observer la Terre sous un nouveau jour et d’en faire des photos à couper le souffle depuis le ciel. Des images qui montrent une planète vulnérable et qui nous rappellent que nous ne sommes qu’une toute petite particule au milieu de l’immensité du système solaire.

Scott Kelly est un ingénieur américain, ancien pilote de chasse de l’armée, pilote d’essai et astronaute retraité. Enfant, il n’avait pas de très bonnes notes à l’école. Et il ne savait pas trop ce qu’il voulait faire plus tard jusqu’à ce qu’il lise un livre qui a changé sa vie : L’Étoffe des héros, de Tom Wolf. Ce livre raconte le parcours des sept premiers astronautes de l’Histoire. À cet instant, Scott sut qu’il voulait devenir comme eux, il n’avait plus qu’à poursuivre son rêve.

Et il l’a fait. À l’issue de la période d’entraînement, sa carrière d’astronaute a pu commencer. Après trois voyages spatiaux, on lui a assigné sa dernière mission avant son départ à la retraite : il devait passer 340 jours dans la Station spatiale internationale. Presqu’un an dans un environnement auquel son corps n’était pas préparé. Les conditions extrêmes d’un vol spatial pouvaient entraîner des modifications sur son système musculaire, immunitaire et cardiovasculaire. Jusque-là, la communauté scientifique ne disposait pas de suffisamment de données pour pouvoir anticiper les effets que les autres astronautes et lui-même allaient subir.

Cette mission a permis d’analyser les défis d’un séjour prolongé dans l’espace, notamment grâce aux données fournies par Scott qui ont été comparées à celles de Mark, son vrai jumeau, qui est aussi astronaute. Ainsi, Scott était soumis à des tests dans l’espace alors que Mark faisait office de patient témoin sur qui les mêmes paramètres étaient mesurés sur Terre. L’expérience de la NASA baptisée « Twins Study »  a permis aux scientifiques d’étudier les effets de l’environnement sur notre santé et les conséquences en vue des futures missions d’exploration du système solaire.

Une des constatations les plus surprenantes de cette étude est que les extrémités de chaque brin d’ADN ont rapetissé à des rythmes différents. Ce phénomène est un effet naturel du vieillissement or, dans l’espace, la longueur des extrémités de l’ADN a augmenté. Toutefois, après le retour de Scott sur Terre, le rythme de rétrécissement de chaque brin s’est accéléré. Cette découverte est cruciale non seulement pour tirer des conclusions sur la réponse du corps humain au vol spatial, mais aussi pour les appliquer à de nouveaux traitements et mesures de prévention des risques sur la santé liés au stress sur Terre.

La Terre vue de haut

Une fois dans la navette spatiale, les astronautes flottent et volent à une vitesse d’environ 28 800 km/h. Et la vue est splendide. C’est pour cela que Scott a pris de nombreuses photos de la Terre qui nous ont permis de voir les choses sous un nouvel angle et de nous rendre compte que nous ne sommes qu’une toute petite unité dans l’immensité du cosmos. Dans un de ses ouvrages, Mon odyssée dans l’espace, Scott décrit ainsi son expérience de près d’un an dans l’espace : « J’ai la sensation, en y jetant un œil, de connaître la Terre dans ses moindres détails, sous des coutures inconnues par la plupart des gens : ses littoraux, ses plaines, ses montagnes et ses rivières. ». Il souligne aussi que, depuis l’espace, on peut détecter les anomalies environnementales. Notamment en Asie, la pollution atmosphérique peut être observée à l’œil nu car elle « donne l’air malade, en attente d’un traitement ou, tout du moins, d’une possible guérison » à certaines régions. Scott évoque aussi la dégradation de la couche d’ozone et décrit le phénomène ainsi : « La ligne dessinée par notre atmosphère sur l’horizon est aussi fine qu’une lentille de contact posée sur un œil ». Des organisations et des gouvernements mettent au point des politiques susceptibles de freiner les effets du réchauffement climatique et de la pollution de l’environnement. Toutefois, le rôle des photos (des photos prises aussi bien depuis la Terre que depuis l’espace extérieur) est fondamental car il permet de sensibiliser la population et de montrer à toute l’humanité qu’il faut agir immédiatement.

Outre ces images, Scott a pu profiter de vues absolument magnifiques sur notre planète et il a admiré sa beauté en partageant avec nous un de ses panoramas préférés : les Bahamas. Il décrit cet endroit comme « un grand archipel au contraste saisissant, avec des teintes claires et sombres. Le bleu nuit vibrant de l’océan se mêle à un turquoise lumineux parsemé de nuances dorées là où le soleil se pose sur le sable et les récifs peu profonds ».

Ses nombreux clichés ont notamment immortalisé une aurore, le lac Wells en Australie-Occidentale et des nuages menaçants au-dessus des États-Unis. Certaines de ces photographies sont accrochées chez lui. Elles ont aussi été publiées dans son livre de photos Infinite wonder: An Astronaut’s Photographs from a Year in Space. Il prouve ainsi qu’être un astronaute n’est pas incompatible avec être un artiste et qu’il y a de la beauté dans tout ce que l’on fait. Ses photos nous rappellent que notre planète est immense et vulnérable et que, après tout, nous ne sommes qu’un petit grain de poussière au milieu de l’univers.

Photo: NASA and Robert Markowitz